UN P’TIT MOT
Le carême, la joie d’être illuminé personnellement par le Christ
Le quatrième dimanche de carême est caractérisé par l’évangile de la guérison de l’aveugle né. Á cet effet, la liturgie célèbre le dimanche de la joie « Laetare » et le deuxième scrutin des catéchumènes. Cet évangile invite à s’interroger sur le sens de la lumière du Christ dans notre vie.
Comment la lumière du Christ peut-elle continuer à illuminer notre vie ?
L’attention du lecteur se focalise progressivement sur l’identité de Jésus révélée par le signe de la lumière. En effet, ce signe est exprimé dans le récit par la guérison de l’aveugle né. L’aveugle né est le symbole d’une humanité plongée dans les ténèbres.
Dans la tradition de l’Ancien Testament, l’aveugle est comparable à l’insensé, car il juge selon les apparences et non à la lumière de la sagesse divine. Á cet effet, Samuel le voyant est interpelé par Dieu sur le choix du futur roi d’Israël, « Le Seigneur dit à Samuel : ″ Ne considère pas son apparence ni sa haute taille, car je l’ai écarté. Dieu ne regarde pas les apparences.″ » Aussi, l’auteur du quatrième évangile fait le choix de cette image de la lumière, car la guérison de l’aveugle né traduit le mystère de la vie de Jésus, lumière du monde.
La scène initiale est caractérisée par l’initiative de Jésus de guérir cet aveugle de naissance. Il affirme « Aussi longtemps que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. » L’initiative de Jésus consiste à illuminer l’homme de l’intérieur pour le guérir de l’aveuglement, car le récit laisse entendre que le monde se trouve plongé dans l’obscurantisme des ténèbres. Il affirme « Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. »
Or, l’obscurantisme peut se traduire par l’absence de sagesse dans les décisions politiques, sociales et économiques prises par l’élite de la société. Il en est de même dans nos choix personnels où le manque de sagesse produit des situations chaotiques et désastreuses.
En effet, la conséquence de l’obscurantisme est la déshumanisation de la personne humaine. L’être humain est réduit à un déchet de la société, car il est incapable d’agir avec générosité pour son prochain. Il est plutôt préoccupé par son instinct de survie. Dans ce contexte, cet instinct de conservation conduit l’homme à la violence qu’il exerce contre les autres et contre lui-même. Dans le récit, cela est illustré par la mendicité de l’aveugle reconnue par son voisinage. « Ses voisins, et ceux qui l’avaient observé auparavant car il était un mendiant dirent alors : ″ N’est-ce pas celui qui se tenait pour mendier ? ″. » Le mendiant représente celui qui a perdu toute sa capacité pour exercer sa générosité aux autres et envers lui-même. Il est donc laissé à la périphérie de la société. Aujourd’hui, le caractère déshumanisant de la personne humaine se dévoile dans les conséquences des conflits, dans la crise migratoire et celle liée à la pandémie du covid.
Pour l’auteur de cet évangile et les premiers chrétiens, Jésus est la lumière du monde. Accueillir sa Parole, c’est sortir de l’aveuglement, mais son refus, maintient l’être humain dans l’aveuglement du monde des ténèbres. Aussi, l’apôtre Paul invite celui qui a rencontré personnellement le Christ à témoigner de sa lumière en ces termes « Frères, autrefois, vous étiez ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes lumière, conduisez comme des enfants de lumières ». Carême, c’est le moment propice pour se laisser illuminer par le Christ et d’en témoigner avec joie.
Bon carême à toutes et à tous !
P. Auguste Emmanuel Marie du Verbe de Dieu NAOUNOU
Dr en Théologie biblique