« La Divine Miséricorde, l’art d’ouvrir la vie de Dieu en l’homme ! »
Le deuxième dimanche de pâques a été institué Dimanche de la Divine Miséricorde par le Pape saint Jean-Paul II, le 30 avril 2000, à l’occasion de la canonisation de sainte Faustine à Rome. En effet, cette fête de la Divine Miséricorde rappelle telle qu’elle est placée au lendemain de la résurrection, un aspect essentiel du mystère pascal. Le Ressuscité octroie le salut gratuit à tout homme. Comment pouvons-nous vivre cette miséricorde dans notre vie ?
Après le récit du tombeau vide, le quatrième évangile poursuit le récit de l’événement de la pâque en relatant celui des apparitions de Jésus à ses apôtres. La première apparition aux apôtres se situe dans un contexte pentécostal. En effet, le Ressuscité souffle l’Esprit-Saint sur ses amis en les envoyant en missions en ces termes : « ″La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. ″ Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : ″ Recevez l’Esprit-Saint. Á qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus″ ». Ce discours de Jésus lors de sa première apparition traduit l’essentiel de cette mission apostolique. Elle consiste à l’annonce de la Miséricorde de Dieu promise à tous les hommes.
Les apôtres ont fait eux-mêmes l’expérience de cette miséricorde dans leur cheminement avec le Christ. Nous avons l’exemple de Pierre dans les textes de la passion. En effet, après avoir renié le Christ à trois reprises, il se repent. Mais, c’est surtout Thomas que le récit de la deuxième apparition présente comme un modèle de témoin de la miséricorde pour l’Église à venir. En effet, malgré le refus de Thomas d’admettre le témoignage des autres apôtres, Jésus lui offre cette possibilité de le rencontrer à travers la deuxième apparition. Cet accueil de la miséricorde lui fait s’exclamer : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
En fait, cette expérience a transformé la vie des apôtres en leur donnant du sens. Le livre des Actes des apôtres fait écho de cette transformation dans la vie des premières communautés chrétiennes. Dans ce livre, on observe que le don de l’Esprit-Saint achève l’événement pascal le jour de la Pentecôte. C’est pourquoi, la première lecture relate les conséquences de cette effusion de l’Esprit-Saint sur les premières communautés chrétiennes. Elle permet d’entretenir l’unité au Christ des premiers chrétiens par l’assiduité à l’enseignement des apôtres, à la fraction du pain, à la communion fraternelle et à la prière.
Aujourd’hui, cette expérience apostolique a tout son sen dans nos communautés chrétiennes. De fait, par l’action de l’Esprit-Saint, le baptisé accueille cette miséricorde divine dans sa vie par une vie intime avec le Christ et par l’entretien d’une relation d’amitié avec toute la création. Cela se traduit concrètement par nourrir notre vie spirituelle par les médiations spirituelles proposées par l’Église. Ces médiations non exhaustives sont illustrées par l’écoute de la Parole de Dieu, la participation à l’eucharistie, la prière personnelle, la méditation du chapelet, l’adoration du Saint-Sacrement…Malgré nos différences, la communion au Christ se manifeste par une communion fraternelle au sein de la communauté chrétienne. Aussi, la miséricorde se traduit dans nos relations fraternelles par l’acceptation de nos différences, le pardon mutuel et le dépassement de nos peurs, nos angoisses, nos inquiétudes, nos clivages pour construire des relations nouvelles empreintes de liberté, de respect et d’épanouissement. Ainsi, la Divine Miséricorde dans la vie chrétienne est l’art d’ouvrir des chemins de vie nouvelle dans le Christ.
P. Auguste Emmanuel Marie du Verbe de Dieu NAOUNOU
Dr en Théologie biblique